mercredi, juillet 17, 2013

"Quand Jésus invective" Mt11,28

J'ai toujours franchement détesté ces versets du chapitre 11 où Jésus invective les villes de Galilée: Mat 11, 20 "Alors il se mit à invectiver contre les villes où avaient eu lieu la plupart de ses miracles, parce qu'elles ne s'étaient pas converties. 21« Malheureuse es-tu, Chorazin ! Malheureuse es-tu, Bethsaïda ! Car si les miracles qui ont eu lieu chez vous avaient eu lieu à Tyr et à Sidon, il y a longtemps que, sous le sac et la cendre, elles se seraient converties. 22Oui, je vous le déclare, au jour du jugement, Tyr et Sidon seront traitées avec moins de rigueur que vous.23Et toi, Capharnaüm,seras-tu élevée jusqu'au ciel ? Tu descendras jusqu'au séjour des morts !Car si les miracles qui ont eu lieu chez toi avaient eu lieu à Sodome, elle subsisterait encore aujourd'hui.24Aussi bien, je vous le déclare, au jour du jugement, le pays de Sodome sera traité avec moins de rigueur que toi. »

Peut-être voulait il faire réagir ses auditeurs avant de partir sous d'autres cieux (Jérusalem), mais ces versets je ne les aime pas. Est ce si facile de "se" convertir? Comme ils ont été lus récemment, je me suis demandée ce qui me gênait tant.

 La première chose qui est venue c'est que je n'aime pas quand Jésus est brutal comme l'étaient les un prophètes, que ce soir Jérémie ou Isaïe. Prédire la destruction alors qu'il est venue annoncer la vie, cela me dérange. Et de plus cela me semble antinomique  avec la phrase qu'il dit de lui-même: "je suis doux et humble de coeur". Pourtant être doux de de coeur ne veut pas dire être lénifiant.

La deuxième chose que je n'aime pas c'est la destruction. La vision d'une ville détruite m'est insupportable.  Et puis il s'agit de destruction, à la fois au sens propre (la ville) mais aussi au figuré: les habitants qui descendent en enfer (damnation éternelle). Et cela je n'aime pas non plus. Surtout que c'est tout le monde, sans distinction aucune.

Enfin c'est la notion de peur: "voilà ce qui va vous arriver si..."

Peut-être que dans le récit mathéen puisqu'on est quand même relativement au début de la prédication, Jésus espère t il encore "sauver" son peuple à la suite du travail de Jean le Baptiste. Peut être faudra t il que ces échecs relatifs, ces épreuves si on peut dire, lui permettront de comprendre que seule sa destruction à lui permettra la conversion. La première annonce de la passion dans ce récit intervient au chapitre 17, c'est à dire pratiquement au 2/3 du récit, c'est à dire assez tardivement alors que chez les autres évangélistes les annonces se situent avant la moitié du récit.


 Puis au fil des heures, ma réflexion a glissé sur le reproche de la non conversion. Certes on on entend sans cesse "convertissez vous", mais moi, je sais que je ne peux pas faire cela, mais que je dois "être" convertie, que c'est passif et pas actif. Je sais que c'est un Autre qui petit à petit va faire ce travail de conversion. Je peux remplacer le mot de conversion par le mot changement. Bien sûr en suivant certaines règles je peux faciliter le travail mais je n'en suis pas maître.

Il est des changements qui peuvent être radicaux du moins qui paraissent radicaux dans ce qu'ils montrent mais si radicaux soient ils ils sont induits, permis aidés par quelqu'un qui est là et qui guide. L'expérience qui permet le changement, n'est pas de notre ressort. elle est donnée. Comme pour étayer cela, le texte proposé par le blog de Séraphim était consacré à la conversion de Claudel:  PS Je viens de lire un récit de la "conversion de Claudel"... Cela lui est arrivé, celui lui a été donné, cela ne vient pas de lui...http://www.seraphim-marc-elie.fr/article-la-conversion-de-claudel-118570231.html

Mais avant d'en arriver là, je me suis livrée à une sorte de relecture de ce chapitre pour voir ce qui le précède, ce qui le conclue et ce que je pouvais en tirer.

     -Dans le chapitre 10 Matthieu parle du choix des apôtres (qui viennent pour un certain nombre d'entre eux, comme lui de Galilée),des dons qui leur sont accordés, de leur mission, ce qui les attend. Mais on a aussi une sorte de révélation: celui qui reçoit le disciple reçoit le Maître. Jésus envoie souvent ses disciples en avant de lui pour préparer l'annonce: celle du royaume qui est tout proche, qui est là. Et les "miracles" sont là en quelque sorte pour préparer les auditeurs à "ouvrir " les yeux, les oreilles, leur coeur à ce qui est en train de se passer.

   - Ce qui est en train de se passer sera dit au chapitre 11, 25: "Je te loue Père, Seigneur du ciel et de la terre d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l'avoir révélé aux tout petits" 27 Tout m'a été remis par mon Père, nul ne connait le Fils si ce n'est le Père, et nul ne connait le Père si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler".

En d'autres termes il ne s'agit pas moins que de reconnaître en voyant ces miracles que Dieu est là en cet homme qui se dit son Fils.

   - Ce chapitre 11 s'est ouvert sur un dialogue entre Jésus et les disciples de Jean le Baptiste qui veut savoir si Jésus est bien celui qui doit venir. Et c'est peut être cela le "noeud du chapitre": oui Jésus est bien celui qui doit venir et malheur à ceux qui ne le reconnaissent pas malgré les signes qui sont là (les miracles). L'éloge de Jean qui se termine par des reproches à ceux qui écoutent: à savoir vous n'êtes jamais content, vous critiquez tout, vous ne vous laissez pas atteindre, vous vous blindez dans votre savoir. Est ce que voir ce qui arrive aux autres est suffisant pour changer son propre coeur? Je n'en suis pas certaine. Et pourtant c'est peut être à cela que servent ou devraient servir (si toute fois on peut employer ce mot) les miracles.

 Et cela débouche sur les versets d'invectives aux villes de Galilée. Ces versets comme je l'ai dit, je ne les aime pas  surtout quand je les compare aux versets où Jésus pleure sur Jérusalem et sa destruction. Luc13,34. Après tout, ce sont bien ces villes là qui lui ont donné les premiers apôtres..

 Ce que Jésus dit aussi c'est que si les villes païennes de Tyr et de Sidon avaient vu les miracles qui ont eu lieu en Galilée, elles auraient fait comme Ninive (livre de Jonas)autrefois, elles se seraient converties sous le sac et la cendre. Et finalement toute la réflexion autour de se texte se fait pour moi autour de de ce mot "conversion".

Parce que plus le temps passe et moins je pense qu'il est possible de "se" convertir. Certes on peut poser des gestes (le sac et la cendre pour montrer publiquement que l'on regrette un certain comportement, en admettant que ce soit ça le sens de ce rituel de pénitence), mais les gestes sont une chose, la conversion en est une autre. Un minerai ne se converti pas en métal pur, il est converti par le travail qui se fait, qui est fait sur lui.

Un être humain n'a pas en lui les forces de se transformer, il est important de reconnaître que quand cette pulsion lui est donnée, elle vient en partie d'un autre, à lui de la réaliser ou pas. Je pense que le don de l'Esprit Saint c'est la possibilité pour tout homme de se laisser transformer, convertir pour devenir un vivant à l'Image du Fils et à la ressemblance du Père qui est celui qui donne la vie. 


Aucun commentaire: