mercredi, décembre 21, 2016

Elisabeth Luc 1, 39-45

Relecture de la Visitation: Elisabeth. 


"Mon prénom signifie "Dieu est plénitude - Dieu est promesse"; mais la plénitude, je ne l’ai pas eue. Et pourtant je continue d’attendre la promesse. Je fais partie de ces femmes dont le Seigneur semble s’être détourné, je n’ai pas eu d’enfants et mon époux Zacharie ne pourra pas avoir un descendant qui le remplacera dans son service au Temple de Jérusalem. Une lignée qui s’éteint, c’est terrible à vivre. Et pourtant nous avons prié, nous avons jeûné, nous avons espéré. Être la femme stérile, celle que l’on montre du doigt, celle dont on se détourne, dans un petit village c’est difficile à supporter.

Des hommes qui étaient à Jérusalem pendant que Zacharie y accomplissait son service m’ont rapporté qu’il a eu une vision dans le Temple, mais qu’il a perdu la parole. Lui qui aime tant parler, ce doit être affreux. Heureusement que j’ai appris à lire, il pourra peut-être m’expliquer à son retour ce qu’il a vécu.

Zacharie est revenu…Et nous attendons que se réalise la promesse faite par l’Ange Gabriel. Comme pour moi l’arrêt des menstrues ne signifie rien, puisque le flux s’est tari avec l’âge depuis longtemps, j’attends sans y croire, tout en y croyant. Et pourtant mon corps se modifie, j’ai des nausées et j’ai les jambes qui gonflent, et surtout mon ventre qui prend une autre forme. Mais je n’ose pas en parler, on va encore se moquer de moi, dire que je prends mes désirs pour des réalités..Je me cache,  et pourtant les jours passent, les semaines passent et j’en suis à mon sixième mois. Mais je me tais toujours. Quand je sors, avec mes vêtements, rien ne se voit.

Et voilà que ma petite cousine, Marie, celle qui habite à Nazareth arrive un beau matin. Au moment même où elle me salue, je sens l’enfant, non plus donner des petits coups comme il le fait d’habitude, mais se tendre un peu comme un ressort, et j’ai l’impression qu’il danse en moi. Et je me sens envahie par une force qui me pousse à dire des mots de bénédiction à cette petite fille, car c’est encore une toute petite pour moi, et à bénir le fruit qui est en elle et cela c’est comme une surprise! Je m'étonne moi-même, je ne sais pas d'où viennent ces mots qui sortent de ma bouche. C’est comme si je devenais prophète. Et c'est moi qui me sens toute petite devant ma cousine qui est comme l'écrin du Seigneur. 


Et cette force là, elle me dépasse et elle me pousse enfin à sortir de chez moi, à dire que la stérilité est vaincue et que ma cousine sera celle qui m’aidera à mettre au monde celui dont mon mari m’a fait comprendre qu’il tracerait le chemin pour cet autre enfant qui lui sera le Messie que nous attendons.

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