vendredi, décembre 23, 2016

Joseph. Mt 1, 18-25

Joseph.

"Moi qui suis un charpentier, j’aime quand les choses sont à l’équerre, bien d’aplomb. J’aime faire de belles armatures pour que mes maisons ou mes bateaux aient de l’allure. Je crois que je suis un peu comme le bois que je travaille et que j’aime travailler, un homme droit, bien ajusté. Mais là, je suis en plein désarroi.

Celle avec laquelle j’allais me marier, après un séjour chez sa cousine, celle qui est de la tribu d’Aaron , est venue chez moi ce matin. Elle m'a dit que quelque chose s’était passé, qu’elle se devait de me le dire avant qu’elle ne vienne habiter chez moi, dans cette maison que je suis en train de bâtir pour elle.

Et ce qu’elle m’a dit m’a bouleversé, renversé. Elle m’a dit qu’elle attendait un enfant, qu’elle n’avait rien fait de mal, mais qu’elle comprendrait que je ne veuille plus d’elle. Alors le ciel s’est écroulé sur ma tête. Parce que Marie, ma douce, ma jolie, celle que je l’aime, je veux faire ma vie avec elle. Alors que dois-je faire ?

Si seulement j’étais comme celui dont je porte le prénom, Joseph, l’homme aux songes comme ses frères l’appelaient, je saurais peut-être quoi faire, mais là... Ce qui est sûr c’est que je dois la renvoyer chez ses parents, ils se débrouilleront avec elle, mais je ne veux pas la répudier, parce que ce serait la condamner à mort, elle et le bébé qu’elle dit porter.

Je me suis couché, le cœur lourd. Je me tournais et me retournais dans tous les sens. Impossible de dormir. Pourtant j’avais comme tous les soirs récité les prières et les psaumes, mais impossible. Et puis je me suis senti m’endormir.

Et voilà que dans mon sommeil, j’ai vu, oui j’ai vu un personnage qui était certes un homme, mais qui n’était pas un homme. J’ai eu peur, un peu comme dans ces rêves où on voudrait prendre la fuite, mais où on n’y arrive pas.

Cette apparition m’a dit de ne pas avoir peur, mais surtout, elle m’a dit de prendre chez moi Marie, mon épouse et que l’enfant qu’elle portait avait été engendré par le Souffle de Dieu, par son Esprit, que je devrais donner à cet enfant le nom de Jésus, et qu’il serait le sauveur que nous attendons tous en ce moment. J’aurais bien voulu poser des questions, mais quand on dort, parler c’est presque impossible. Pour me conforter dans ce qu’il m’avait dit, il m’a rappelé la prédiction du prophète Esaie : « la vierge enfantera un fils et on lui donnera le nom d’Emmanuel ». Bien sûr, pour certains ce fils était le fils du roi Achab, mais pour beaucoup d’entre nous, c’est une prophétie, une de ces merveilles dont seul notre Dieu est capable. Et moi je le crois capable de tout.


Quand je me suis réveillé, ce rêve était vivant en moi, et j’ai couru chez Marie, pour la chercher et la prendre avec moi, et l’installer dans notre maison, qui je l’espère sera pour tous la maison du pain".

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