samedi, décembre 24, 2016

Voici que je me tiens à la porte Ap 3, 21

Ce verset a été lu récemment lors d'une messe.  Je le cite en entier (traduction Bible de Jérusalem).

"Voici, je me tiens à la porte et je frappe ; 
si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, 
j'entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi."

"Voici que je me tiens à la porte".
Certains tableaux représentent Jésus devant une porte qui ne s'ouvre de que l'intérieur. Comme il est question de souper, nous supposons qu'il s'agit du soir et que ce qui nous est proposé serait un peu comme une répétition de ce qui s'est passé avec les disciples d'Emmaüs: "reste avec nous il se fait tard". Mais je me suis demandé si cette manière de voir ce verset n'était pas un peu faussée. Je veux dire que pour nous, surtout en France, le souper est un repas du soir, mais c'est loin d'être la cas des autres pays francophones. Alors peut-être que j'aimerais remplacer souper par repas et non pas par "cène" (qui est effectivement un repas pris le soir, après le coucher du soleil) comme le propose la traduction de la TOB.

"Et je frappe"
Reprenons la scène: il y a quelqu'un qui toque à la porte. Là je me demande si c'est ma porte, celle de ma maison, donc qu'il s'agit d'une relation individuelle qui m'est proposée (ouvrir ou ne pas ouvrir), ou si c'est d'une autre porte qu'il s'agit, par exemple la porte d'une ville (me voici devant tes portes Jérusalem Ps 121) , là ce serait davantage à un niveau collectif. Qui ouvrira? Jésus trouvera-t-il la foi sur la terre? Car ouvrir, c'est faire confiance. Et dans ce chapitre 3 de l'Apocalypse, ces lettres aux Eglises ne sont pas tendres. Alors aurons-nous le désir d'ouvrir ou de rester entre nous, bien au chaud dans nos différentes églises? 

"Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte"
C''est là où l'on peut se poser la question de savoir de quelle porte il s'agit. Est ce la porte de mon coeur? Est ce que mes oreilles ne sont pas un peu bouchées? On a un peu l'impression qu'il y a une voix, mais que peu l'entendent, que peu ont envie d'ouvrir la porte. Et pourtant cette voix n'est-elle pas celle du bien-aimé qui descend des collines? Qui va ouvrir, est ce que je vais reconnaître cette voix et ouvrir? Car c'est le son de la voix qui permet de reconnaître qui frappe. N'est ce pas le son de la voix de celui que Marie de Magdala prend pour un jardinier qui ouvre son coeur? Jn 20,16.

"J'entrerai pour souper"

Alors, là c'est le problème... J'ai ouvert la porte, mais le repas n'est pas prêt, il n'y a rien, parce que ce jour-là je n'avais pas envie de faire à manger. Alors qu'est ce que je vais offrir? Et là, j'ai imaginé en entendant ce verset que les choses pouvaient se passer différemment de ce que nous souffle la tradition, à savoir offrir un repas à celui qui est dehors. Je veux dire que si j'ouvre la porte, parce que j'ai reconnu sa voix, celui qui entre, celui-là apporte à manger. Jésus ne l'a-il pas fait avec ses disciples, au petit matin, au bord du lac, alors qu'ils n'avaient rien pris de la nuit (Jean 21). C'est lui qui les a appelés et qui a tout préparé. Alors oui, je pense que Jésus n'arrivera pas les mains vides. 

Il ouvrira son sac, il posera les provisions sur la table, peut-être juste du pain et du vin, peut-être du fromage, peut-être du poisson, et nous serons ensemble pour partager. Et ma joie sera parfaite, comme cela est suggéré dans le discours après la Cène dans l'évangile de Jean. Et ce sera la joie de l'abondance du don reçu. Je veux dire que voir les choses comme cela permet de passer du faire et de l'agir, au recevoir, à l'être avec. 

Et pour conclure...

J'ai voulu associer ce verset de l'Apocalypse qui commence par une affirmation: "Voici que je me tiens à la porte et que je frappe", qui est suivie par une phrase qui commence avec un si: "si quelqu'un écoute ma voix..", avec une autre phrase de l'évangile de Jean (Jn14,23) dans laquelle on trouve aussi un si: "si quelqu'un m'aime, mon père l'aimera et nous viendrons en lui et nous ferons en lui notre demeure". 
Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui (faire sa demeure) moi près de lui et lui près de moi. 
Ne peut-on pas penser que cette relation là c'est celle qui nous sort de l'isolement, de la solitude, de la peur? Encore faut -il ouvrir la porte à l'inconnu. Est ce que Noël ça ne serait pas ça? 


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