A propos de celui - Jean - qui se désigne comme "le disciple que Jésus aimait".
En lisant ce vendredi 15 avril la passion selon St Jean, et en prenant le temps de la lire, j'ai été frappée par le rôle de celui qui dit être le disciple aimé de Jésus - le narrateur si l'on peut dire, par rapport à Pierre; parce qu'ils ne semblent pas aller l'un sans l'autre...
C'est grâce à ce dernier que Pierre peut entrer dans la cour de la maison du grand-prêtre, et que donc ensuite le triple reniement aura lieu. Ce disciple, lui, entre parce qu'il est connu, puis se rendant compte en se retournant que Simon-Pierre n'a pas suivi, va voir la servante et lui permet d'entrer. Il a presque un rôle de portier.
Et j'ai fait un rapprochement avec ce qui va se passer au tombeau, après que Marie de Magdala soit allée prévenir Simon-Pierre - et donc Jean par contre coup, que le corps a disparu, qu'elle ne sait pas où le corps a été déposé, et qu'elle est dans un état de panique complet.
Les deux hommes courent, et je pense Marie est avec eux. Le disciple arrive le premier, reste en quelque sorte sur le pas de la porte (l'inverse de ce qui s'est passé pour Simon-Pierre), voit cependant en se penchant que les linges sont à plat. Et je pense ce que "à plat", montre bien qu'il n'y a rien en dessous. Mais cela lui laisse du temps pour "digérer" l'information, pour voir.
Pour lui, c'est un peu un miracle en deux temps, comme pour l'aveugle de Siloé. Ne pas voir, prendre le temps d'aller jusqu'à la source, pour que le miracle, l'ouverture des yeux, se fasse.
Simon Pierre arrive, et entre, lui, sans réfléchir; il veut voir. Et il voit que les linges sont pliés à plat, à leur place, et que le suaire est aussi à sa place. C'est alors que le disciple entre; et lui, voit et croit. Comme si quelque chose s'était passé pour lui, qui ne se passe pas pour Simon-Pierre qui n'a pas compris qu'il fallait que Jésus ressuscite d'entre les morts. Puis ils rentrent chez eux, et c'est Marie qui prend le devant de la scène.
Ce qui m'a frappée, c'est la relation qui semble se créer entre ces deux hommes: et où le disciple qui n'a pas été appelé en Galilée, qui est vraisemblablement de Jérusalem - peut-être comme on le dit un jeune prêtre séduit par Jésus, est tout le temps entre Simon et Jésus.
J'ai eu alors envie de raconter autrement ce que la liturgie nous fait lire au cours de ce qu'on appelle le livre des heures, les chapitres 13 à 21, puisqu'au bord du lac, c'est encore ce disciple qui a le beau rôle si je puis dire. Qui représente-t-il?
Il y a deux choix possibles: de laisser parler Simon-Pierre, qui est quand même peut-être un peu jaloux; ou de laisser parler le disciple, qui parlerait à la première personne. Ce qui m'est venu cette nuit, c'est que c'était comme cela que je devais faire. D'autant que cela renvoie à un de mes articles d'il y a très longtemps, quand j'essayais de donner la parole à des enfants polyhandicapés qui n'avaient que leur corps pour exprimer ce qu'ils ressentaient.
https://giboulee.blogspot.com/2004/12/qui-suis-je-propos-des-polyhandicaps.html
Qui suis-je?
Je suis celui qui au cours d'un repas, a dit à Simon-Pierre, parce que j'étais le plus proche du Seigneur, que c'était celui qui avait mis la main dans le plat en même temps que Jésus qui le trahirait. A-t-il compris que c'était Judas? Je n'en suis pas certain. Mais j'ai admiré la délicatesse du Seigneur, qui ensuite s'est adressé au traitre en lui disant de faire ce qu'il avait à faire sans perdre de temps. Je reconnais que ce jour là, j'avais la meilleure place, tout près du cœur du Maître et que je pouvais même le sentir battre, ce cœur qui nous aimait à la folie.
Je suis celui qui a vu que les gardes, venus pour arrêter Jésus, avaient comme reculé avant de porter la main sur lui, et que Jésus leur avait demandé de laisser partir les siens. Et cela je l'avais trouvé tellement beau, qu'il pense à nous.
Je suis celui qui a vu que Simon avait blessé un des serviteurs du grand-prêtre, un dénommé Malchus. Mais qu'est ce qui lui a pris à Simon. On va vouloir aussi sa tête maintenant; toucher à un serviteur du grand-prêtre, c'est vraiment de la folie. Mais il est comme ça Simon. Il fonce trop.
Je suis celui qui n'a pas pris la fuite, et qui a suivi Jésus alors qu'on le menait dans le palais de Hanne, le beau-père de Caïphe, le grand-prêtre de cette année. Moi je rentre facilement parce que je suis connu, mais pour Simon c'était impossible après ce qu'il avait fait. Mais comme je connaissais la servante, il est rentré lui aussi. Et au cours de la nuit, par trois fois il a dit que Jésus, il ne le connaissait pas. Et le coq a chanté, et la prophétie de Jésus s'est réalisé. Et Jésus est sorti peu après pour être conduit chez Pilate.
Je suis celui qui était au pied de la croix, quand tout arrivait à la fin. Je suis celui à qui le Maître a confié sa mère, je suis celui qui l'a entendu dire qu'il avait soif, je suis celui qui l'ait vu incliner la tête et rendre l'esprit. Tout cela je l'ai vu. Tout cela, je l'ai senti dans mon corps. Et j'ai vu et j'ai su que sa vie, personne ne la lui avait prise, qu'il l'avait donnée; et en moi j'espère que cette vie lui sera rendue.
Je suis celui qui au petit matin, le lendemain de la Pâque, a vu arriver Marie de Magdala, en larmes, comme une folle, nous dire que le corps avait disparu.
Je suis celui qui est parti en courant avec Simon et Marie, et qui suis arrivé le premier au tombeau. Je ne voulais pas entrer, question de préséance: après tout, c'est Simon qui doit reprendre le flambeau. Et j'ai vu que le corps n'était pas là, et que ce ne pouvait pas être un vol, parce qu'il n'y avait aucun désordre et qu'on ne prend pas un corps sans son linceul.
Je suis celui qui, en entrant dans le tombeau, a cru que le Seigneur était revenu à la vie, parce qu'il est la vie et qu'il a toujours dit que les ténèbres ne pouvaient pas retenir la lumière. Et en moi, il y avait une joie que personne ne pouvait me ravir; mais ni Simon ni Marie ne comprenaient. Ils étaient dans leur ailleurs, dans leur tristesse; et moi aussi j'étais ailleurs, mais je savais que je témoignerais de ce que j'avais vu, de ce que j'avais entendu: que la vie s'était manifestée, et quelle vie!
Je suis celui qui était là quand Thomas disait qu'il ne croirait pas tant qu'il ne mettrait pas ses doigts dans les trous des poignets percés par les clous et dans le côté percé par la lance, et j'étais là aussi quand le Seigneur est revenu montrer les marques des clous et de la lance.
J'étais là quand il a soufflé sur les apôtres et a répandu sur eux son Esprit.
Et surtout j'étais là au petit matin, après une nuit de pêche infructueuse sur le lac de Galilée, quand un homme auprès d'un feu nous a appelé pour nous demander si nous avions du poisson, nous a dit de jeter le filet qui en un rien de temps a été rempli de gros poissons. Et je crois que j'ai été le seul à savoir que cet homme là-bas c'était le Seigneur, et le seul à pouvoir le dire à Simon, qui pour aller le rejoindre s'est jeté à l'eau pour arriver sur la rive.
J'étais là quand par trois fois le Seigneur a demandé à Simon s'il l'aimait vraiment plus que tout, plus nous tous, et qu'il l'a institué le pasteur de son troupeau, comme lui l'était. Et j'étais aussi là quand il a dit à Simon de le suivre, et à moi de demeurer. A ce moment-là nous n'avions pas compris, mais ce que le Seigneur dit, cela se réalise toujours.
Alors avez-vous trouvé qui je suis?
Je suis le disciple que Jésus aimait.
Je suis le conteur.
Je suis l'écrivain.
Je suis comme vous aujourd'hui celui qui transmet.
Je suis celui sait que le nom de Dieu est Amour.
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