dimanche, juillet 28, 2024

JEAN 6, 1-15. Multiplication des pains.17° dimanche du temps ordinaire. Juillet 2024

 JEAN 6, 1-15. Multiplication des pains.17° dimanche du temps ordinaire. Juillet 2024


Préambules.

 

J'aurais préféré le texte de Marc, que je résume.


Jésus a envoyé les apôtres en mission; il les accueille à leur retour. Aujourd'hui on parlerait de débriefing, mais comme c'est impossible parce que du monde afflue en permanence, Jésus les conduit dans un endroit "désert". Je dirais un endroit du type petite plage sympa, parce qu'il y en a au bord du lac. Ces plages un peu cachées, où certains se retrouvent le dimanche (enfin le samedi). Seulement ce lieu, il est peut-être désert, il n'est pas inconnu, et voilà les gens qui partent et arrivent avant lui. Peut-être que les disciples ont eu un petit temps agréable pendant la traversée. Mais à l'arrivée, ils ne sont pas seuls et Jésus a "compassion de cette foule, qui est pour lui comme "un troupeau de brebis sans berger". Contrairement au récit johannique, ce sont les disciples - qui ont peut-être hâte de retrouver leur maître pour eux tous seuls, qui lui demandent de les renvoyer pour qu'ils puissent trouver à manger. Et c'est là où Jésus les prend à rebrousse-poil en leur disant (ordonnant) de leur donner à manger, eux. On peut imaginer leur tête. Puis c'est une question: essayer de trouver qui a quelque chose. Peut-être qu'il s'agit de leurs propres provisions qui seraient restées dans la barque. Et c'est le miracle, mais qui est raconté avec des mots que l'on retrouvera le soir du Jeudi saint. Les restes sont importants, et c'est Jésus qui renvoie les disciples en barque, et qui congédie la foule. Suivra la tempête. 

 

L'évangile de Jean, lui, sert de prélude au discours sur ce que nous avons l'habitude d'appeler le discours sur le pain de vie, parfois j'aimerais dire le pain de la vie, le pain qui fait de nous des vivants. Jésus vient de quitter Jérusalem, parce que ça va mal pour lui. Il n'est pas compris, il n'est pas entendu, et le mettre à mort est un projet qui peut être facilement réalisé. 

 

En lisant ce texte ce matin, j'ai buté sur le verset "il disait cela pour le mettre à l'épreuve"; il c'est Jésus, lui, c'est Philippe, un appelé de la première heure, un appelé qui en a appelé un autre, Nathanaël. Mettre à l'épreuve, si je me réfère à Abraham que Dieu met à l'épreuve, c'est bien voir, évaluer, ce qu'il en est de la foi. Alors il m'a semblé que ce serait bien de laisser Philippe raconter comment il a vécu ce temps. Mais je dois dire aussi que ce chapitre 6 met bien souvent ma foi à l'épreuve. 

 

Si je peux me permettre un souvenir personnel, le voici. Je suis allée en Terre sainte, en 1963, donc à une époque où on parlait de Palestine, et où Israël était tout petit. Nous étions sur le lieu de la multiplication des pains. Nous dormions dehors, sous d'immenses eucalyptus. C'était au mois d'août. Je m'étais baignée dans le lac, avait failli me faire cogner par une barque qui passait là, et je dormais du sommeil du juste. Il faut ajouter que j'étais responsable d'un groupe de 30 jeunes filles. Quelqu'un est venu me réveiller pour me dire qu'une des filles de mon groupe avait été mordu par une vipère. Je ne vais pas entrer dans les détails, parce que j'en ai beaucoup oublié, mais si elle n'est pas morte, c'est un miracle. Elle a été évacuée vers l'hôpital de Capharnaüm et sauvée au bout de beaucoup de jours. Et le matin qui a suivi cet accident, tout en lavant son duvet qui était souillé, en m'occupant finalement comme je pouvais, j'avais en moi, tout ce discours sur le pain de vie. Je ne sais pas si j'ai été mise à l'épreuve, mais c'était quand même croire en l'impossible, car la vipère qui avait mordu cette jeune fille était une vipère dont le venin est mortel., 

 

Philippe raconte

 

À Jérusalem, ça ne s'était pas bien passé. Il avait guéri un homme paralysé depuis 38 ans, et lui avait dit de rentrer chez lui en portant son brancard. Sauf que c'était un jour où légalement c'est interdit de faire cela, de porter quelque chose de lourd; c'est considéré comme un travail.. Alors les pharisiens lui étaient tombés dessus pour dire que c'était mal; et lui, il avait dit que c'était celui qui l'avait guéri qui le lui avait ordonné. Il ne savait pas que c'était Jésus. 

 

Quand Jésus s'est fait reconnaître, l'homme a prévenu les pharisiens, et du coup ils ont commencé à persécuter Jésus, parce qu'il avait fait travailler cet homme. Et Jésus ne sortait plus beaucoup: ils lapident facilement.

 

Ils n'ont pas compris que c'était la guérison, pas de porter ou de ne pas porter.

 

Ils lui en voulaient aussi, et encore plus, parce qu'il disait que Dieu était son père; et que Lui, il faisait comme son père, qui était toujours à l'œuvre. Il y a eu un grand débat, ça discutait haut et fort, et finalement il les a plantés-là en leur disant que s'ils croyaient en Moïse, ils croiraient aussi en lui; et ça, ça les a exaspéré.

 

Quitter Jérusalem était question de vie ou de mort, et nous sommes partis. 

  

À Capharnaüm aussi ce n'était pas simple et nous avons pris la barque pour aller ailleurs. 

 

Nous avons débarqué, et nous sommes un peu montés sur une colline, mais pour nous c'est une montagne. On surplombait le lac. Cette petite ascension, toute petite, c'est comme si nous accompagnions Moïse à l'Horeb. Enfin c'était mon impression: Jésus, le nouveau Moïse. 

 

Lui, une fois arrivé, semblait absent. Il était assis, les yeux fermés. Seulement les gens nous avaient vus partir, et ils s'étaient donnés le mot; et ils arrivaient aux aussi d'un peu partout. Je crois que bruit l'a sorti de sa torpeur, et en ouvrant les yeux, il a vu tous ces gens qui arrivaient, arrivaient arrivaient, les uns en barque, les autres à pied. 

 

Il a parlé, parlé, parlé. Les gens l'écoutaient, fascinés. Le soir allait tomber. Il m'appelle et me demande où on peut acheter du pain pour les nourrir. Je l'ai regardé comme s'il était fou. Là, dans un endroit désert, trouver à manger. Et payer avec quoi. Il y avait bien plus de 5000 personnes si on compte les femmes et les enfants. C'était vraiment insensé. Et pourquoi m'a-t-il demandé cela à moi? J'étais perdu et presque en colère contre lui. Des sous, nous n'en n'avons pas. Et aller où pour trouver une telle quantité de pain?

 

Là-dessus, André est arrivé. Il avait dû demander qui avait à manger, peut-être pour partager avec ceux qui n'avaient rien, qui étaient partis tôt, pour voir Jésus et pour l'entendre, pour le découvrir. Il a dit qu'il y a un jeune garçon qui avait cinq pains d'orge et deux poissons. Les pains d'orge, je ne sais pourquoi, cela m'a fait penser aux pains que les prêtres mettent tous les jours sur l'autel, et à la fête de pâque qui approche, cette fête de la libération et du partage. 

 

Et puis, j'avais l'impression qu'il y avait des gens qui n'étaient pas contents et ils me faisaient penser aux hébreux dans le désert qui récriminaient contre Moïse, parce qu'ils avaient tout quitté et qu'ils avaient faim: faim de pain, faim de viande.

Mais je continuais à me demander pourquoi il m'avait demandé ça à moi et pas à Simon ou à Judas qui tient la bourse commune.

 

Jésus a pris les pains. Il a pris les poissons. Il nous a dit de dire à la foule de s'asseoir. Beaucoup étaient déjà en train de partir. Ils sont revenus, ils se sont assis dans l'herbe. De la belle herbe, de l'herbe verte comme celle du psaume que Jésus aime tant: "sur les prés d'herbe verte il me fait reposer".

 

Les pains, il les avait dans ses mains. Il a rendu grâce, comme nous faisons avant chaque repas et là, croyez-moi ou non ce n'était plus cinq pains mais des pains, beaucoup de pains, des centaines de pains. 

 

À Cana l'eau était devenue vin. Là, les pains étaient devenus des pains. Et pourtant il n'avait prononcé aucune autre parole que la bénédiction. Ces pains il les a distribués et moi, je regardais, sans comprendre. Avec les poissons il a fait de même. Que s'est-il passé entre son Père et lui, qu'a-t-il demandé? Je ne le sais pas. 

 

 Les gens ont mangé; les pains et les poissons, et il y en avait trop, à tel point qu'on a ramassé douze corbeilles. Mais entre eux, une sorte de rumeur s'enflait à propos de Jésus. Certains voyaient en lui, le prophète annoncé par Moïse, d'autant qu'il venait de les nourrir comme Moïse avait nourri le peuple avec la manne dans le désert. 

Mais lui il n'a pas retransmis une parole du très Haut, qui avait parlé à Moïse et à Aaron pour annoncer ce que le peuple aurait à manger; non, il a rendu juste grâce. Et je me demandais moi quelle était la force de ce lien qui était entre lui et celui qu'il appelle son père et que nous, nous osons appeler Adonaï.  Et certains autres voyaient en lui le descendant de David, le nouveau Roi; et ceux-là voulaient s'emparer de lui et le faire leur roi. 

 

Moi, j'avais cru que ce ne serait possible de trouver du pain, et de nourrir une foule avec ce peu. Mais ce que j'avais vu, sans rien comprendre, me prouvait le contraire .  

 

Il lui était possible de transformer de l'eau en vin, de convertir toute une ville de Samarie, de guérir sans se déplacer le fils d'un haut fonctionnaire, de mettre debout un homme paralysé depuis dix-huit ans, alors pourquoi ne pourrait-il pas nourrir une foule avec cinq pains et deux poissons, et les rassasier? 

 

Alors j'ai commencé à voir en lui, en lui qui un jour m'avait dit de le suivre, celui qui était la lumière du monde. 

 

Jésus, qui sait tout ce qu'il y a dans l'homme, alors que la nuit tombait vraiment, a disparu dans la montagne, dans une grotte dont lui seul connaissait l'existence; et nous nous sommes retrouvés, seuls, à ne pas savoir ce que nous devions faire, ce qu'il attendait de nous. Mais tous, nous avions vu ces pains et ces poissons et cette foule. Nous avons vu ce signe, mais nous ne l'avons pas compris, cela nous dépassait. Il y a parfois du trop qui remplit de crainte et qui fait peur.
Qui est-il, celui que nous suivons? 

 

 

Travail sur le texte.

 

1 En ce temps-là, Jésus passa de l’autre côté de la mer de Galilée, le lac de Tibériade.

2 Une grande foule le suivait, parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait sur les malades.

3 Jésus gravit la montagne, et là, il était assis avec ses disciples.

4 Or, la Pâque, la fête des Juifs, était proche.

 

 

 Aucune transition entre la guérison du paralytique et cet épisode. Sauf que Jésus a bien raison de quitter Jérusalem. Maintenant, qu'est-ce que Jean nomme "l'autre côté"? Une autre rive qui serait dans une découpe de la côte, ou carrément en territoire dit païen? Sauf que ça ne colle pas vraiment avec les synoptiques; un endroit désert est pour moi un endroit sans habitations, en dehors des villes.

 

Je trouve que le "Jésus gravit" est très "majestueux" et que cela met d'emblée Jésus, dans la position de Moïse. Cela condense la finale du chapitre 5,46-47: "Si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, car c’est à mon sujet qu’il a écrit. Mais si vous ne croyez pas ses écrits, comment croirez-vous mes paroles?" Et aussi la référence à la manne que l'on trouvera par la suite.

 

Étonnant, le mot "signe". Est- ce que les foules voient vraiment cela, ou plutôt un homme qui guérit, qui fait des miracles; et lui courent après pour en avoir encore plus. Là il n'est pas question de ce "il les enseigna longuement" que l'on trouve chez Marc, mais bien de la proximité de la Pâques (libération, repas de célébration).

 

5 Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui.

 

Un peu comme si Jésus avait finalement débarqué avant que la foule n'arrive, et qu'il se repose. Peut-être a-t-il les yeux mi-clos? On a l'impression que quand il lève les yeux et découvre la foule, c'est comme s'il émergeait. Je crois qu'on retrouvera cette formulation en Jn 17,1: Ainsi parla Jésus; puis il leva les yeux au ciel et dit : « Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie.

 

Il dit à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? »

6 Il disait cela pour le mettre à l’épreuve, car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire.

 

Jésus s'adresse donc à Philippe, avec une question qui parait folle, qui est là pour le mettre à l'épreuve, donc pour tester quelque chose. Et ce commentaire du rédacteur; il savait ce qu'il allait faire. Jésus maître de sa destinée.

 

 

7 Philippe lui répondit : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain. »

La question de Jésus, est: "où". La réponse est sur le "comment". On n'a pas de sous, et même si on en a, on n'en n'a pas assez, et ce serait comme une miette. Ce qui va s'opposer à l'abondance des douze corbeilles.

 

Jésus se centre d'emblée sur le repas. Il ne demande pas à la foule ce qu'elle veut. Je pense au chapitre précédent (Jn 5), qui rapporte la guérison de l'homme qui n'avait pas la force de se plonger dans l'eau pour guérir. Se plonger dans l'eau, c'est le baptême. Là c'est la foule qui n'a pas ce qui faut pour manger. Et elle va avoir plus que ce qu'elle prend uniquement pour du pain. J'ai souvent pensé que les premiers chapitres de l'évangile de Jean étaient une catéchèse. 

 

8 Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit :

9 « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! »

 

Très curieux, cette intrusion d'André dans le dialogue. Comment a-t-il fait pour voir? Est-ce que la question de la faim se pose dans la foule? Qui est ce jeune garçon, et quelle est la taille des pains qu'il a? Pour moi les pains d'orge évoquent, pas seulement le pain des pauvres, mais le pain de la Pâque. 

 

 

10 Jésus dit : « Faites asseoir les gens. » Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit. Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes.

 

Un ordre: les faire asseoir. Est-ce qu'il y a du mécontentement dans la foule, comme jadis parmi les hébreux dans le désert? 

 

11 Alors Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâce, il les distribua aux convives; il leur donna aussi du poisson, autant qu’ils en voulaient.

 

Là, il y a cette prière normale. Mais il n'y a pas de demande de faire quoique ce soit. Simplement remercier et bénir celui qui donne tout. Et c'est l'abondance.

 

12 Quand ils eurent mangé à leur faim, il dit à ses disciples : « Rassemblez les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde. »

13 Ils les rassemblèrent, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge, restés en surplus pour ceux qui prenaient cette nourriture.

 

Garder ce qui est en trop, pour en faire quelque chose (donner à qui ensuite)? 

Phrase curieuse: "pour ceux qui prenaient cette nourriture". Est-ce que certains l'ont refusée?  

 

14 À la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : « C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde. »

13 Ils les rassemblèrent, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge, restés en surplus pour ceux qui prenaient cette nourriture.

 

 

Ce qui vient de se passer prend sens, et renvoie à la prophétie de Moïse, "Je mettrai parmi vous un prophète comme moi". Mais là, en Jésus, ils voient plus qu'un prophète, ils voient un roi. et il préfère se sauver, comme il le fait dans le temple.

 

15 Mais Jésus savait qu’ils allaient venir l’enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul.

 

Je suis toujours étonnée par le "de nouveau". Sauf que le verbe se retirer, on le trouve plus d'une fois, comme si, à certains moments, Jésus retirait son épingle du jeu, parce qu'il est trop tôt. Quand ça va trop mal, il se retire.

 

            ANNEXE: COMPARAISON ÉVANGILES DE MARC ET DE JEAN. 

 

 

 

MARC 6,  34—45

 

 

JEAN 6, 1-16

 

34 En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement.

 

 

01 Après cela, Jésus passa de l’autre côté de la mer de Galilée, le lac de Tibériade.

02 Une grande foule le suivait, parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait sur les malades.

 

 

03 Jésus gravit la montagne, et là, il était assis avec ses disciples.

04 Or, la Pâque, la fête des Juifs, était proche.

 

5 Déjà l’heure était avancée ; s’étant approchés de lui, ses disciples disaient : « L’endroit est désert et déjà l’heure est tardive.

 

36 Renvoie-les : qu’ils aillent dans les campagnes et les villages des environs s’acheter de quoi manger. »

 

 

 

37 Il leur répondit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Ils répliquent : « Irons-nous dépenser le salaire de deux cents journées pour acheter des pains et leur donner à manger ? »

 

 

 

 

 

 

 

 

05 Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui. Il dit à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? »

 

 

06 Il disait cela pour le mettre à l’épreuve, car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire.

07 Philippe lui répondit : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain. »

 

 

8 Jésus leur demande : « Combien de pains avez-vous ? Allez voir. » S’étant informés, ils lui disent : « Cinq, et deux poissons. »

8 Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit :

09 « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! »

 

 

9 Il leur ordonna de les faire tous asseoir par groupes sur l’herbe verte.

40 Ils se disposèrent par carrés de cent et de cinquante.

 

 

0 Jésus dit : « Faites asseoir les gens. » Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit. Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes.

 

 

41 Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction et rompit les pains ; il les donnait aux disciples pour qu’ils les distribuent à la foule. Il partagea aussi les deux poissons entre eux tous.

 

 

11 Alors Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâce, il les distribua aux convives ; il leur donna aussi du poisson, autant qu’ils en voulaient

 

 

2 Ils mangèrent tous et ils furent rassasiés

 

 

 

.

 

43 Et l’on ramassa les morceaux de pain qui restaient, de quoi remplir douze paniers, ainsi que les restes des poissons.

 

 

12 Quand ils eurent mangé à leur faim, il dit à ses disciples : 

 

« Rassemblez les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde. »

 

13 Ils les rassemblèrent, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge, restés en surplus pour ceux qui prenaient cette nourriture.

 

44 Ceux qui avaient mangé les pains étaient au nombre de cinq mille hommes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

45 Aussitôt après, Jésus obligea ses disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, vers Bethsaïde, pendant que lui-même renvoyait la foule.

 

14 À la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : « C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde. »

15 Mais Jésus savait qu’ils allaient venir l’enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul.

 

 

16 Le soir venu, ses disciples descendirent jusqu’à la mer.

 

 

jeudi, juillet 25, 2024

JEAN 20, 1-20. FÊTE DE MARIE-MADELEINE . S'APERCEVOIR/APERCEVOIR

Quand j'ai lu ce texte, j'ai été captivée par les trois "apercevoir" qui pour moi structurent le texte, aussi bien que les retournements, dont on parle si souvent. J'ai alors su que je devais écrire un billet, mais ça a tardé, faute de temps, malgré les vacances. J'ai commencé à écrire, après avoir travaillé le texte, et c'est à ce moment- là que j'ai recherché des textes plus anciens.  

 

Le dernier texte, écrit l'an dernier, à la même époque, me pose question. Il est certain que je l'ai écrit avec mon cœur, mais je pense qu'avoir fait de Marie, la sœur de Lazare. https://giboulee.blogspot.com/search?q=Jn+20%2C+1-20  ce n'était pas une bonne idéeSi le rédacteur parle de Marie Madeleine (Magdala) ce n'est pas Marie de Béthanie la sœur de Lazare, donc je pense avoir fait une erreur. 

 

J'ai parlé des "apercevoir". Le premier c'est dans la pénombre, avant que le jour ne se lève vraiment. Ce verbe est à la forme pronominale : elle s'aperçoit que la pierre a été enlevée, mais on aurait pu aussi bien écrire, elle voit que l'entrée du tombeau est ouverte. La formulation proposée, permet de mieux entendre la panique qui s'empare d'elle, pierre enlevée, corps enlevé. Et un corps qui disparait c'est une des pires choses qui puisse arriver. 


SI on prend le texte complet, Jean et Pierre s'aperçoivent que les linges ont été roulés, mais que pour l'un, cela signe de la résurrection, pas pour l'autre, et pourtant ils ont vu les mêmes choses. 

 Une autre remarque. Pierre et Jean ont leur signe, à savoir les linges pliés, bien à plat, l'un à la tête l'autre au pieds . Le fait que les linges soient pliés ou roulés, indique que cela n'a pas été fait à la va-vite. Ils se trouvent là où Marie, elle verra deux anges vêtus de blanc. Donc à chacun  son signe, qui sera vu et compris ou vu et pas compris, ce qui sera le cas de Marie-Madeleine qui voit, qui entend la question, mais qui à l'inverse de Jean, ne croit pas que l'impossible est arrivé. Cela c'est important pour nous. Il y a des signes, mais arrivons-nous à les voir et à les prendre pour ce qu'ils sont?



Les deux autres verbes qui renvoient à la vue, et que l'on trouve dans le texte de ce jour,  concernent les anges vêtus de blanc et Jésus, Il me semble que petit à petit, on va passer avec ces verbes de l'ombre à la lumière. 

 

Il y a une différence entre apercevoir et voir. De fait Marie aperçoit des personnes, mais de fait elle ne les voit pas tels qu'ils sont. Elle aurait pu se poser des questions sur ces anges, parce que ce n'est pas si fréquent d'en rencontrer. Il avait bien été questions d'anges au début de l'évangile: Jn 1, 51: Et il ajoute : « Amen, amen, je vous le dis : vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme. ». le fait qu'il y ait un ange à la tête et l'autre aux pieds, évoque peut-être ce qui avait été annoncé au début de l'évangile.

 

De fait, quand elle aperçoit les hommes dans le tombeau, la lumière commence à poindre, mais elle ne la voit pas. Il en va de même quand elle aperçoit celui qu'elle pense être le jardinier. Et pourtant la lumière est là, pleinement là. 

 

Pour laisser Marie parler, il est nécessaire de ne pas ôter ce qui se passe avec jean et Simon, Pierre, qui eux entrent dans le tombeau. Marie n'entre pas, mais ils confirment bien que le corps n'est plus là. J'ai donc remis les versets dans le texte travaillé et je m'en servirai pour le récit. 

 

Ce texte, je l'aime beaucoup. Ce qui m'a frappée en le relisant, c'est que même si les acteurs ne le savent pas, les verbes qui émaillent ce récit, où ça court un peu dans tous les sens, montre qu'après le repos de la mort, le repos du Shabbat, la vie reprend. 

 

Marie raconte.

 

Je crois que ces deux dernières nuits ont été les pires de ma vie. J'avais sans cesse ces images qui tournaient dans ma tête, dans mon cœur. Lui sur cette croix, lui avec des deux autres à sa droite et à sa gauche, lui avec cette atroce couronne d'épines, son nez brisé, ses plaies, et ce trou ce gros trou dans le côté. Comment les hommes peuvent -ils être aussi méchants. Je le voyais mort. Je voyais Joseph et Nicomède le déposer dans cette tombe, dans ce jardin. Et j'attendais que cette nuit sans sommeil, s'achève pour que je puisse, simplement le voir, le regarder, lui parler même s'il est mort. Il est mon Seigneur, mon Rabbouni. 

 

Je suis partie dans la nuit, juste avant que le jour ne se lève. C'était la ténèbre dehors et la ténèbre dans mon cœur. Il n'avait pas le droit de mourir, c'est moi qui aurais dû mourir à sa place, pas lui. J'en voulais au monde entier. J'étais à la fois triste, épuisée, lasse, et en colère. Ce n'est pas juste. Pourquoi celui qu'il appelle son Père, n'a-t-il rien fait? Pourquoi jésus a-t-il redonné vie à Lazare si c'est pour finir lui dans la mort? Peut-être que s'il n'avait pas fait ce miracle, les autorités auraient fini par se lasser et le laisser enseigner? 

 

Il ne faisait pas clair du tout, et dans ce jardin j'avais du mal à trouver mon chemin. Quand je suis arrivée au tombeau, il m'a semblé que la pierre n'était plus à sa place. Arrivée devant la tombe, j'ai vu que Je n'avais pas rêvé, la pierre avait été roulée, enlevée, elle ne protégeait plus la dépouille. La panique s'est emparée de moi; si la pierre a été enlevée, c'est que quelqu'un est venu, quelqu'un d'assez fort pour la rouler, que ce quelqu'un est entré dans le tombeau et qu'il a peut-être pris le corps de Jésus. Et sans entrer, j'ai bien vu, qu'il n'y avait plus de corps.

 

Alors j'ai pris les jambes à mon cou, même si ceux que j'ai croisé me regardaient comme si j'étais folle, je suis allée prévenir Simon Pierre et Jean. Je leur ai juste dit qu'on avait enlevé le Seigneur de son tombeau que je ne savais pas où on avait mis le corps. Moi, son corps, je veux le toucher, le regarder encore et encore avant que la mort ne fasse son travail en lui.  

 

Ils ont couru eux aussi, Jean est arrivé le premier, il n'est pas entré. Il attendait que Simon le fasse. Simon est entré, je ne sais pas ce qui s'est passé, il est sorti et Jean est entré. Lui, il avait l'air heureux. Il m'a dit que l sur la pierre, il y avait les linges posés bien à plat et le suaire qui avait entouré sa tête.

 

 Finalement Joseph et Nicodème avaient fait comme il fallait. Avec la hâte qui était le leur, j'avais peur que ce soit mal fait. Le corps de celui que j'aime a été mis dans sa demeure en suivant les règles.

 

Ils sont partis et moi je suis restée. Je me suis approchée de l'entrée et je suis entrée. Là j'ai aperçu deux hommes vêtus de blanc. Maintenant je sais que ces personnes que j'ai prises pour des hommes étaient des anges, et qu'ils étaient comme les anges qui sont dans l'arche de l'alliance, ces anges qui veillent sur le propitiatoire. 

 

Mais là, j'étais désespérée, incapable de me poser la moindre question. J'étais dans le noir, dans la mort. Ils m'ont demandé pourquoi je pleurai. C'était stupide comme question, je leur ai répondu qu'on avait enlevé mon Seigneur, celui que mon cœur aime, et que je ne savais pas où on l'avait mis. Ils auraient pu me dire quelque chose, mais ils n'ont rien dit. 

Je suis ressorti et là, j'ai aperçu un homme.

 

Il faisait grand jour. Il m'a posé la même question que ceux qui étaient dans le tombeau, pourquoi je pleurais. Mais bon, dans un cimetière ce n'est pas tellement étonnant de voir une femme pleurer, mais lui, il m'a demandé ce que je cherchais. Et ça c'était la vraie question.  J'ai alors pensé que cet inconnu était le jardinier, et qu'il avait enlevé le corps, puisqu'on l'avait mis dans une tombe qui était là, mais qui appartenait peut-être à quelqu'un. Je lui ai dit de me dire où il l'avait mis et que moi je le prendrai et je l'emporterai. 

 

Il a dû lui aussi, me prendre pour une folle, une femme porter un mort pour l'emporter . Et j'ai baissé la tête et j'ai continué à pleurer, en regardant la tombe, parce qu'il ne me répondait pas.

 

Et tout à coup, quelque chose est arrivé. J'ai entendu mon prénom. Ce n'était plus la même voix, c'était sa voix à lui. Et l'impossible s'est advenu, le jardinier c'était Lui. Les ténèbres sont parties, j'étais dans la joie, dans la lumière. Je le voyais dans cet homme debout devant moi. C'était "mon maître", il était vivant , et était le vivant. Il n'y avait plus traces de cette couronne, il n'y avait plus de traces des coups, c'était lui, bien lui. Je voulais le toucher, pas pour le retenir, mais comment vous dire, pour sentir sa chaleur, son poids, sa présence. 

 

Mais il n'a pas voulu. Il m'a dit avant même que je fasse un geste, de ne pas le toucher, de ne pas le retenir parce qu'il n'était pas encore monté vers mon Père. Cela voulait dire que j'avais été la première à le voir vivant, à le voir tel qu'il était devenu. Celui que je connaissais et pourtant quelqu'un d'autre. Mais c'est si difficile de trouver des mots. 

 

Il m'a demandé d'aller dire aux autres, à ses frères, qu'il montait vers son Père qui était notre Père, vers son Dieu et notre Dieu. Je n'ai pas trop compris, mais j'ai fait ce qu'il m'a demandé. Mais vous allez peut-être sourire, mais je n'ai pas couru, j'avais besoin de garder en moi cette joie toute neuve. J'ai pris mon temps, je leur ai raconté, les hommes en blanc, et celui que j'avais pris pour le jardinier. Je suis repartie. Je ne sais pas s'ils m'ont crue, mais peu importe. Moi je l'ai vu, le ressuscité. Mon Seigneur est vivant à jamais et je suis dans sa lumière.

 

 

Annexe: travail sur le texte(1).

 

(1)En petits caractères, la partie omise, pour la fête du 22 juillet. 

 

1 Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau.

 

C'est presque drôle, elle s'aperçoit que la pierre a été roulée, ce qui laisse à supposer que contrairement à l'évangile de Marc, où les femmes se demandent qui leur roulera la pierre, elle, voir que la pierre a été enlevée, ce qui provoque de la panique.

 

 

 

 

 

La partie omise.

 

02 Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. »

 

Et la voilà qui court. Le "nous" est un peu étrange. Elle s'aperçoit que la pierre a été enlevée, elle se serait mise aussitôt à courir pour prévenir, et pourtant elle affirme que le corps a été enlevé et qu'il a disparu. Est-ce que les disciples auraient bougé si elle avait seulement parlé de la pierre? 

 

03 Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau.

04 Ils couraient tous les deux, ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau.

05 En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n’entre pas.

06 Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat,

07 ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place.

08 C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut.

09 Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.

10 Ensuite, les disciples retournèrent chez eux.

 

Ce qui est frappant, ce sont tous ces verbes de mouvement: courir, se pencher, entrer etc. 

 

 

 

Reprise du texte proposé par la liturgie.

 

11 Elle se tenait près du tombeau, au-dehors, tout en pleurs. Et en pleurant, elle se pencha vers le tombeau.

 

Eux partent, elle, elle reste, près de l'orifice, près de l'entrée. Et elle essaie de voir, sans entrer. 

 

12 Elle aperçoit deux anges vêtus de blanc, assis l’un à la tête et l’autre aux pieds, à l’endroit où avait reposé le corps de Jésus.

13 Ils lui demandent : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » Elle leur répond : « On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a déposé.

 

Elle aperçoit ensuite  (forme active), qu'il y a là deux personnes, des anges vêtus de blanc, j'ai l'impression que ce verbe apercevoir, il me donne l'impression d'une vision furtive. Elle devine quelque chose, elle ne sait pas trop ce que font là ces hommes. Elle s'aperçoit qu'ils sont vêtus de blanc. Comment sont-ils entrés là, mystère. 

 Pierre et Jean, eux ont vu les linges roulés, bien à leur place, des objets. Elle, elle voit des personnes qui lui parlent. Et c'est le jeu question réponse: pourquoi pleures-tu? Parce qu'on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l'a déposé. Elle pourrait presque dire, on a volé mon Seigneur. Si vous pouvez, rendez-le-moi, si c'est vous; mais cela elle ne le dit pas.

» 

 

14 Ayant dit cela, elle se retourna ; elle aperçoit Jésus qui se tenait là, mais elle ne savait pas que c’était Jésus.

15 Jésus lui dit : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Le prenant pour le jardinier, elle lui répond : « Si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as déposé, et moi, j’irai le prendre. »

 

Et c'est le troisième apercevoir. Elle voit Jésus, et de même que les anges n'ont eu aucun impact sur elle, voir cet homme, surgi de nulle part, ne change rien. Elle ne veut qu'une chose, récupérer le corps de son aimé.

 

16 Jésus lui dit alors : « Marie ! » S’étant retournée, elle lui dit en hébreu : « Rabbouni ! », c’est-à-dire : Maître.

 

Là c'est l'ouïe qui est sollicitée, mais cela a déjà été le cas avec les anges. Et ça n'avait rien changé. Là, ça change tout. Elle ne fait plus qu'apercevoir un homme, maintenant dans cet homme elle reconnait celui qui revenu à la vie. 

 

Mais peut-être qu'il y a plus que la voix. Peut-être qu'au lieu de rester à distance, du côté de la tombe vide, elle s'avance un peu vers celui qu'elle prend pour un employé. Et elle "sent" sa présence, elle le sent, lui. Et ses yeux s'ouvrent, elle sort de ses ténèbres, comme Thomas sortira des siennes la semaine suivante.

 

17 Jésus reprend : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. »

 

Là jésus ne "monte" plus à Jérusalem comme dans les synoptiques, mais vers son Père, qui est devenu par cet acte de la mort notre Père et qui demeure notre Dieu. Là aussi il se passe quelque chose. De Dieu qui réside dans son ailleurs, advient un Dieu qui est Père, mais pas au sens que l'on trouve par exemple quand on parle à quelqu'un à qui on doit du respect, qui a un certain âge, un certain savoir, mais Père celui à qui on pourrait dire papa comme le dira Paul plus tard.

 

18 Marie Madeleine s’en va donc annoncer aux disciples : « J’ai vu le Seigneur ! », et elle raconta ce qu’il lui avait dit.

 

 

Et pourtant, il n'a pas dit grand-chose. L'ont-ils crue? Ce n'est pas évident du tout, puisque pour Thomas, il est impossible que Jésus, dont le corps a été mortellement blessé, aie pu revenir à la vie, sauf que c'est une autre vie. 

 


 

 

lundi, juillet 08, 2024

MARC 6, 1-6. JESUS À NAZARETH. 14° DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE. JUILLET 2024

MARC 6, 1-6. JÉSUS À NAZARETH. 



Jésus dans la synagogue de Nazareth, c'est surtout la version de Luc que nous connaissons, celle où Jésus prend un rouleau du prophète Isaïe, le lit et le commente en disant qu'il est celui dont parle le prophète. La suite, les habitants furieux (on se demande un peu quelle mouche les a piqués) poussent Jésus hors de la ville pour le précipiter dans le vide et jésus qui passe au milieu d'eux, parce que son heure n'est pas encore venue; nous le connaissons presque par cœur . Nous nous interrogeons sur ce qui rend ces nazaréens aussi durs, aussi fermés et du coup, cela ne nous étonne pas que Jésus ne puisse pas faire de miracles dans ce village qui est le sien. 

 

J'ai écrit deux billets sur cette péricope. Le premier, date de 2019: https://giboulee.blogspot.com/2019/02/dans-la-synagogue-de-nazareth-fin-lc-4.html en laissant la parole à Marie. Il s'agit bien du texte de Luc. Le second, plus récent, https://giboulee.blogspot.com/2022/01/luc-4-21-30-la-synagogue-de-nazareth.html  et c'était un ancien de la synagogue qui avait raconté.

Il y a même un texte de cette année, puisque cet évangile est présenté pendant le carê

 

En cette année Marc, il m'a semblé important de suivre la trame donnée par cet évangéliste. Le travail sur le texte, sera présenté en annexe; et ce sera un disciple, un de ceux qui ont été présents avec lui lors de la résurrection de la fille de Jaïre (j'emploie le terme résurrection car réanimation est pour moi, trop connoté médicalement parlant). 

 

Mais des questions se posent, et ce sera le début de ce travail, qui sera donc suivi par le récit. 

 

Il est certain que se pose une fois de plus la question de l'identité de Jésus, mais aussi l'importance de notre participation aux changements que nous demandons finalement si souvent à celui que nous appelons notre sauveur.

 

 

Mes questions et mes remarques

 

Une chose qui me semble étonnant, c'est que Marc, en dehors du verset 9 du premier chapitre de son évangile - "Jésus vint de Nazareth en Galilée et il fut baptisé par Jean dans les eaux du Jourdain" - n'utilise ce mot que pour signifier le lieu d'origine de Jésus. C'est comme nous, lorsque nous parlons d'un saint; nous disons François d'Assise, Thérèse de Lisieux, ce qui est un moyen de ne pas confondre avec d'autres François ou d'autres Thérèse. 

 

De fait, on a déjà entendu parler de Nazareth par deux fois, puisque des gens sont venus le chercher en disant qu'il a perdu la tête, puis ce fut Marie et les frères qui se sont entendus dire que la famille de Jésus, "c'est celle qui écoute la volonté de Dieu et la met en pratique" (Mc 3, 20-35 - avec en sandwich ce qui se passe avec les scribes qui l'accusent d'être possédé). 

 

Dans la péricope qui nous intéresse aujourd'hui, Marc parle de son lieu d'origine. Je trouve assez étonnant que le nom du village ne soit pas cité. Maintenant, dire lieu d'origine est un moyen de dire qu'il est bien de Nazareth, qu'il est bien Galiléen - et par contre la suite du texte montre qu'il y a peut-être une ambiguïté quant à sa filiation. Dire qu'il est "le fils de Marie", alors que toutes les généalogies se centrent sur les hommes, est quand même étonnant, et va un peu dans le sens de l'évangile de Jean, quand les "juifs" disent à Jésus que "eux, ne sont pas fils de la prostitution" (Jn 8, 41) - même si au chapitre 6 ils disent que Jésus est le fils de Joseph (Jn 6, 42).

 

Dans le récit de Marc, on sort donc d'un temps bien rempli: l'aller et le retour de chez les Géraséniens, la guérison du lépreux,  les guérisons de la fille de Jaïre et de la femme qui perd du sang. Or ces guérisons se font parce que les demandeurs ont une foi indéfectible en cet homme différent des autres. Et ce sera bien la différence: ceux du village d'origine de Jésus - finalement un peu comme les pharisiens qui accusent Jésus de pactiser avec le diable - doutent de lui, et même le méprisent. Alors dans ces conditions, rien ne peut advenir. 

 

Mais ce qui m'étonne quand même, c'est que ce village semble comme coupé du reste du monde. Comment peuvent-ils ignorer que Jésus a redonné une vie à une jeune fille qui venait de trépasser? Est-ce que cela ne place pas Jésus dans la lignée des grands prophètes? N'est-il pas le nouvel Elie, lui qui avait redonné vie au fils de la veuve de Sarepta (1R 17,17-19), ou le nouvel Élisée (2R 4,8-37)?

 

Mais non, on dirait qu'ils sont dans une sorte de bulle; avec peut-être leur peur que ce drôle de loustic leur apporte des ennuis. Et ce drôle de loustic, qui est-il vraiment? 

 

Ce que je veux dire, c'est qu'il est quand même étonnant que les habitants de Nazareth soient finalement aussi fermés aux actions hors du commun faites par un enfant de chez eux. 

 

Quand on prend l'évangile de Luc, il situe cet épisode au tout début de la vie publique, et rapporte le verset d'Isaïe dont Jésus se sert: qui peut (pardon de choquer) évoquer un peu le jeune Joseph dans le livre de la Genèse, quand il affirme que son père, sa mère et ses frères se prosterneront devant lui. Ce que je veux dire c'est qu'affirmer qu'il est lui celui sur lequel repose l'onction, peut susciter une réaction de jalousie très forte et expliquer (au moins un peu la suite). 

 

Je me suis demandée, parce que Jésus dira qu'un prophète est méprisé dans son pays (ce qui est le cas effectivement de beaucoup de prophètes connus: Amos qui est prié d'aller prophétiser ailleurs; Isaïe dont on dit qu'il a été tué; Jérémie) si le mépris, il ne l'a pas connu dès son enfance; et cela évoque pour moi le verset 3 du chapitre 53 d'Isaïe:" Méprisé, abandonné des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, il était pareil à celui devant qui on se voile la face ; et nous l’avons méprisé, compté pour rien." C'est un peu ce qui se passe dans ce lieu. 

 

 

Alors que se passe-t-il dans cette synagogue? C'est un disciple qui essaye de transmettre ce qu'il a ressenti et vécu. 

 

Un disciple raconte

 

Il venait de faire quelque chose d'extraordinaire, il avait redonné vie à une jeune fille de douze ans qui venait de mourir. Quand son papa était venu supplier Jésus de la sauver, elle était à la dernière extrémité, mais elle était vivante. Ensuite nous les avons suivis, lui et Jaïre, et nous avons été retardés par une femme qui avait voulu toucher le vêtement du maître pour être guérie de sa maladie. Si Jésus ne s'était pas arrêté pour l'obliger à dire devant tout ce monde ce qu'elle venait de faire, peut-être que nous aurions pu arriver plus rapidement, mais la jeune enfant était morte quand nous sommes arrivés, bien morte, car les pleureuses étaient déjà là. Et lui, il lui a redonné la vie! Mais dès qu'il fut sorti de la maison, au lieu de revenir dans sa maison ou dans celle de Simon, il a quitté la ville, comme s'il voulait se faire oublier; il est parti vers sa ville d'origine. Et cela fait une bonne distance. Il a juste dit où il voulait aller, et nous avons suivi.

 

Nous nous sommes installés dans la maison de sa mère, à côte de l'atelier de charpentier - son père était charpentier, et d'ailleurs Jésus est aussi charpentier: dès qu'il a un peu de temps libre, il sculpte le bois. Curieusement personne ne s'est pressé à la porte pour demander une guérison, et Jésus est resté avec sa mère, au calme. 

 

Le jour du Sabbat est arrivé, et nous sommes allés à la synagogue. Là, c'était plus calme qu'à Capharnaüm, pas de pharisiens, pas de scribes venus de Jérusalem. Mais si j'en crois ce que les autres m'ont raconté, il y a des gens du village qui sont venus alors que Jésus enseignait, pour le faire rentrer à Nazareth, parce qu'ils disaient que Jésus avait perdu la tête. Moi je crois qu'ils ont peur de lui, peur des gens de Jérusalem, peur des Romains, et qu'ils auraient voulu l'enfermer, pour qu'il arrête de faire parler de lui. Ils ont même envoyé sa mère et ses frères, mais Jésus a fait comme s'il n'entendait pas. Il me semble qu'ils ne l'aiment pas beaucoup. 

 

Donc ce jour-là, il y avait du monde. Quand il a pris la parole, tous l'ont écouté, et à voir leur tête ils n'en revenaient pas de l'entendre parler aussi bien, avec une telle éloquence, avec une telle autorité - et pourtant il n'a pas suivi l'enseignement des rabbis. Bref, certains étaient subjugués, mais d'autres ont commencé à jacasser entre eux. Ils se disaient que ce n'était pas possible qu'il ait autant changé. Ils ont dit qu'ils savaient très bien que Jésus, le charpentier, le fils de Marie, le frère d'un certain nombre d'entre eux, il ne pouvait pas être le messie, parce que c'est bien de cela qu'il est question. Je crois aussi que certains savaient que la naissance de Jésus avait été particulière et que des bruits disaient que Joseph n'était pas son père, et du coup, ils parlaient de lui en disant le fils de Marie.

 

Jésus a bien vu ce qui se passait, et moi qui le connais, je savais que ça le rendait très malheureux. Il se sentait pour eux un objet de scandale. Il leur a dit alors que bien souvent un prophète est méprisé dans son propre pays: d'ailleurs c'est ce qui était arrivé au prophète Osée, qui a été chassé de Samarie parce qu'il faisait soi-disant du tort au roi. 

 

Il était peiné. Il aurait tellement aimé faire du bien à ce village qui est le sien; mais ils n'avaient pas confiance en lui, ils le méprisaient même; et moi je crois qu'ils avaient peur de lui. Alors nous sommes partis et il a annoncé le règne de Dieu dans les villages aux alentours; et eux ont cru. 

 

ANNEXE 1: Travail sur le texte.

 

1 En ce temps-là,  Jésus se rendit dans son lieu d’origine, et ses disciples le suivirent.

 

Ce qui est frappant dans cet évangile, c'est que Jésus prend l'initiative - et c'est un peu une constante de l'évangile de Marc: il était monté dans la barque d'un coup, sans se changer, et les disciples avaient dû embarquer avec lui; là, il sort de la maison de Jaïre et il semble se mettre en route immédiatement, presque comme s'il fuyait la notoriété. Les disciples lui emboitent le pas, comme ils peuvent.

 

Que se passe-t-il ensuite? Marc ne le rapporte pas. Mais on sait que par deux fois, les "gens" ont essayé de lui faire entendre raison et de le ramener "à la maison" pour qu'il se taise. On a même demandé à sa mère d'intervenir: en principe une mère c'est sacré, et on ne lui désobéit pas. (Mc 3,20 )

 

2 Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. De nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ?

 

Il va peut-être dans la maison familiale (se reposer ?). Arrive le jour de la réunion à la synagogue, et donc il s'y rend; là, on ne sait pas grand-chose, sauf qu'il prend la parole et que c'est l'étonnement. Tout se passe comme si jusque-là, Jésus avait vraiment été quelqu'un de très quelconque, qui ne s'était jamais fait remarquer. 

 

Ceux qui sont là se posent à juste titre des questions: comment se fait-il qu'il parle avec cette sagesse, comment se fait-il qu'il fasse des guérisons? Qui est-il?  

 

Et c'est bien le questionnement, la question centrale. Et là il se passe quelque chose, chez certains des auditeurs. Comment voir en lui plus que ce que l'on sait? Comme je j'ai dit plus haut, il est quand même étonnant que la réanimation de la fille de Jaïre n'ait pas été rapportée, mais c'est pensable.

 

3 N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Et ils étaient profondément choqués à son sujet.

 

Bref, ils ne se réjouissent pas du tout; et cela évoque un peu la réaction précédente: il a perdu la tête. Il va nous attirer des ennuis.

 

Ce qui me frappe dans le passage, c'est l'insistance portée sur le métier, et sur le fait qu'il est le fils de Marie, et non de Joseph. Cela me fait penser à l'évangile de Jean quand les juifs disent à Jésus qu'eux ne sont pas nés de la prostitution, ce qui peut renvoyer aux origines de Jésus, qui dit que son Père est Dieu et qui ne parle pas de Joseph. Du coup, je me demande si Jésus n'a pas connu le mépris dans son enfance, ce qui va à l'encontre des récits apocryphes.

 

4 Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. »

 

Ce qui est étonnant c'est que ce verset évoque aussi le départ d'Abraham (Gn 12,1): "Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai". C'est cela qui peut justifier l'attitude de Jésus: lui aussi, doit partir pour aller ailleurs, pour créer le nouveau pays; le nouvel Israël.

 

Pourquoi Jésus parle-t-il de mépris? Je n'avais pas remarqué qu'il est réduit à sa profession, et à sa filiation - comme fils de Marie, et c'est peut-être cela qui pose question. 

 

Enfant sans père et le voilà qui se fait prophète. Pour qui se prend-il? 

Cela me rappelle le verset du chant du serviteur (Is 53,3): "Objet de mépris, abandonné des hommes, homme de douleur, familier de la souffrance, comme quelqu'un devant qui on se voile la face, méprisé, nous n'en faisions aucun cas." N'est ce pas ce qui se passe là pour lui?

 

5 Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains.

6 Et il s’étonna de leur manque de foi.

Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant.

 

 

Il y a ici l'affirmation que Jésus n'est pas un magicien: pour que quelque chose advienne, il faut que ceux qui demandent une guérison aient foi en lui.  Peut-être que ce manque de foi est une souffrance pour Jésus. Alors à quoi bon s'éterniser là, alors que d'autres villages attendent. Et le voilà reparti sur les routes.

 

 

ANNEXE 2: LES SYNOPTIQUES

 

Matthieu 13,53-58

Marc 5,1-6

Luc 4, 14-30 

(Fin du discours en paraboles)

 

 

 

53 Lorsque Jésus eut terminé ces paraboles, il s’éloigna de là.

 

(Jésus sort de la maison de Jaïre)

 

 

 

01 Sorti de là, Jésus se rendit dans son lieu d’origine, et ses disciples le suivirent.

 

 

Début de la vie publique, après les tentations

 

14 Lorsque Jésus, dans la puissance de l’Esprit, revint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région.

15 Il enseignait dans les synagogues, et tout le monde faisait son éloge.

 

54 Il se rendit dans son lieu d’origine, et il enseignait les gens dans leur synagogue,

 

de telle manière qu’ils étaient frappés d’étonnement

 

 

et disaient : « D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2 Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. De nombreux auditeurs, frappés d’étonnement,

 

 

 disaient : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ?

 

 

16 Il vint à Nazareth, où il avait été élevé. Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture.

 

17 On lui remit le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit :

18 L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés,

 19 annoncer une année favorable accordée par le Seigneur.

20 Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. 

 

 Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui.

21 Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. »

 

55 N’est-il pas le fils du charpentier ? Sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie, et ses frères : Jacques, Joseph, Simon et Jude ?

56 Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes chez nous ? Alors, d’où lui vient tout cela ? »

 

57 Et ils étaient profondément choqués à son sujet

 

03 N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » 

 

 

 

 

Et ils étaient profondément choqués à son sujet.

22 Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. Ils se disaient : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Jésus leur dit : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays et dans sa propre maison. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

04 Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. »

 

 

 

 

23 Mais il leur dit : « Sûrement vous allez me citer le dicton : “Médecin, guéris-toi toi-même”, et me dire : “Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm ; fais donc de même ici dans ton lieu d’origine !” »

 

24 Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays.

 

25 En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ;

26 pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère.

27 Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. »

28

 

 

 

 

 

28 À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux29 Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas.

 

58 Et il ne fit pas beaucoup de miracles à cet endroit-là, à cause de leur manque de foi.

05 Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains.

 

 

 

06 Et il s’étonna de leur manque de foi. Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant.

 

 

30 Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.

 

Arrestation de Jean-Baptiste

Appel des douze

Appel des 4

 

Si les récits de Matthieu et de Marc, sont presque identiques, ils se passent cependant à des moments différents. Dans l'évangile de Marc, la vie publique est bien entamée, mais il est toujours question du secret messianique. Est-ce que Jésus quitte rapidement Capharnaüm pour qu'on l'oublie un peu? Mais en même temps, je pense que le rappel de l'Exode montre aussi que Jésus, qui a fait l'effort de revenir chez lui, et alors qu'on veut déjà le faire taire (Mc 3), comprend qu'il est appelé à bien autre chose: universalité du salut.

 

Dans l'évangile de Matthieu, sa mère et ses frères ont tenté de lui parler; la relation avec les scribes et les pharisiens devient violente puisque Jésus est qualifié de démon. Le discours en parabole est peut-être un moyen de parler autrement, sans risques. C'est alors qu'il retourne dans son lieu d'origine. Mais ce n'est pas un lieu pour lui. 

 

Quant à l'évangile de Luc, qui se passe au tout début de la vie publique, il est le seul à rapporter ce qui a pu se passer dans la synagogue, avec la lecture du texte d'Isaïe, qui peut nous ravir, nous, mais qui a pu éveiller de la jalousie et de la haine dans les auditeurs: pour qui se prend-il celui-là. Je peux d'ailleurs penser que ce qui se passe là est le prototype de ce qui se passera à Jérusalem, sauf que là, le temps n'est pas encore venu. Mais Jésus sera bien traîné hors de la ville et mis à mort.