Là encore il
s’agit d’un texte un peu brouillon qui correspond à ce que j’essaye de
théoriser au jour le jour dans les relations que je peux nouer avec des
personnes ayant vécu des abus sexuels dans leur enfance.
Par expérience je sais
que ces personnes lorsque quelqu’un les regarde avec d’autres yeux et surtout
lorsque que l’on croit à leur histoire(alors qu'elles n'ont jamais pu être entendues) se sentent pour une fois aimées et comprises. Le transfert qui se crée (désolée d’employer un terme technique) est un transfert massif,
brut -si je puis dire- qui va reproduire une relation d’emprisonnement entre le
thérapeute et son patient.
Ces personnes ont été liées dans leur enfance par de véritables câbles relationnels leur interdisant tout regard sur l’extérieur. Et elles vont reproduire cela avec la personne devenue leur objet d’amour, dans une relation souvent très difficile à supporter et qui nécessite beaucoup de doigté de la part du thérapeute pour que la relation ne se rompe pas mais en même temps pour qu’elle ne se rigidifie pas. Tout changement même minime et voire indépendant de la volonté du thérapeute sera toujours vécu comme un abandon, un désamour et une grande culpabilité.
Ces personnes ont été liées dans leur enfance par de véritables câbles relationnels leur interdisant tout regard sur l’extérieur. Et elles vont reproduire cela avec la personne devenue leur objet d’amour, dans une relation souvent très difficile à supporter et qui nécessite beaucoup de doigté de la part du thérapeute pour que la relation ne se rompe pas mais en même temps pour qu’elle ne se rigidifie pas. Tout changement même minime et voire indépendant de la volonté du thérapeute sera toujours vécu comme un abandon, un désamour et une grande culpabilité.
Un certain
nombre d’églises proposent un accompagnement spirituel pour ces personnes qui
ont été blessées, meurtries. Cela a du bon quand le but est de faire une
expérience interne où l’on rencontre un Dieu qui vous prend telle que vous êtes
et qui vous donne la certitude d’un amour présent et inconditionnel. Il est
évident que si le but est de « pardonner aux agresseurs » avant de
« se pardonner à soi », et donc de se culpabiliser (alors que l'on vit dans la honte d'avoir vécu ce que l'on a vécu) alors que se
pardonner à soi permet enfin de lever la culpabilité, alors là on est dans le
terrorisme qui reproduit le terrorisme vécu dans l’enfance.
Mais je crois que l’accès au spirituel (au divin diraient certains) permet de se pardonner à
soi, car on fait l’expérience d’avoir de la valeur, d’être aimé, de ne pas être
rejeté ni abandonné et ce quoique l’on ait fait et quoique l’on fasse.
Ensuite
il devient possible de changer les comportements toxiques qui sont en soi, et
de travailler à apprendre à aimer les parties dissociées.
Une thérapie bien conduite permet d’accéder au vivant qui est en soi et du coup d’accéder au spirituel. Je demeure très critique parfois révoltée envers les spiritualités qui imposent le pardon à l’agresseur comme préalable à toute guérison.
Une thérapie bien conduite permet d’accéder au vivant qui est en soi et du coup d’accéder au spirituel. Je demeure très critique parfois révoltée envers les spiritualités qui imposent le pardon à l’agresseur comme préalable à toute guérison.
Ce billet est un
peu un patchwork, j’en suis désolée, mais c’est ainsi pour le moment.
I- Réflexions
sur les personnalités multiples.
Etant une psy de
la vieille école, j’ai un peu de mal avec les personnalités multiples, décrites
par exemple dans le « Soi hanté », et surtout avec les combats qui
peuvent exister entre elles, mais je reconnais que c’est une approche
intéressante. Par contre je me demande quand même où sont passées les notions
de Ça de Moi et de Surmoi,
qui permettent de comprendre les strates des identifications (ou incorporation)
des figures parentales (au sens large). Mais peut être que justement les PE qui
sont des identifications à l’agresseur, permettent de faire la synthèse. Est ce
que ces identifications permettent une mise sous contrôle de ces parties
dissociées, cela reste une question.
Ne pas
considérer la ou les dissociations comme des mécanismes psychotiques, mais
comme des mécanismes de défense est très important et permet de comprendre un
peu la souffrance que vivent ces personnes, car la dissociation n’est pas une
partie de plaisir. Je veux dire que l’on s’imagine qu’une partie se met à
l’abri pendant qu’une autre subit, mais je ne pense pas que ce soit si simple.
Simplement ne pas mettre une étiquette de psychose est très important car il
s’agit d’une tentative de défense, qui se met en route automatiquement dès
qu’une situation peut rappeler quelque chose du traumatisme, et cela reste très
insécurisant dans la vie de tous les jours.
Les travaux sur
les traumatismes et sur leur impact est très important et très utile pour mieux
comprendre le fonctionnement des personnes victimes de maltraitances et/ou
d’abus sexuels dans l’enfance et l’adolescence.
Je me rends
compte que apprendre à les reconnaître (ces personnalités qui provoquent un
changement de style, de comportement) n’est pas si simple. Je pense qu’il y a
un changement de langage, mais cela peut être très difficile à repérer, mais
doit permettre d’être plus attentif à la souffrance et aussi à ne pas se sentir
agressé si la PE(partie émotionnelle bloquée) se manifeste sous ce mode là.
En réfléchissant
sur cette PAN (partie apparemment normale), qui serait un peu comme l’Adulte de
l’analyse Transitionnelle) et les Parties Emotionnelles (à la fois les enfants
mais aussi les parents agresseurs incorporés) je me disais que ce que vivent
ces personnes qui survivent à un (ou hélas à des traumatismes) ESPT et qui
développent un DESNOS est de l’ordre de la possession. Lorsqu’une des
personnalités qui a été bloquée par le traumatisme dans son développement,
prend le dessus, elle est dans la
toute puissance (même si c’est pour faire du mal au corps qui la contient).
Pour les définitions voir le site http://artherapievirtus.org
******
II- Personnalités multiples et Possession
J’ai cru longtemps
qu’il n’y avait qu’un seul type de dissociation mais à lire l’histoire de
Béatrice sur http://artherapievirtus.org/RAIVVI/ et les d’autres j’ai appris
que diverses personnalités peuvent se manifester, (les personnalités infantiles
bloquées par les différents traumatismes à différents âges) et cela m’a fait
penser à un épisode rapporté dans l’évangile de Luc chapitre 8, versets
27-31 : la guérison du possédé de Gérasa, car l’impression que je ressens
en lisant ces différents témoignages et bien une possession.
A dire vrai, je
pense que ces enfants qui sont la proie d’adultes conscients de ce qu’ils font
sont comme envahis par le Mal (et je mets une majuscule car c’est le Mal qui
veut détruire l’autre, en faire son objet, le réduire à néant, lui faire perdre
la place de sujet pour le réduire à celui d’objet) et que ce Mal contre le quel
ils n’avaient pas le moyen de lutter reste présent en eux et qu’ils ont besoin
d’un autre pour le mettre dehors, pour retrouver leur statut de sujet.
Voici le texte.
« 27Comme il
descendait à terre, vint à sa rencontre un homme de la ville qui avait des
démons. Depuis longtemps il ne portait plus de vêtement et ne demeurait pas
dans une maison, mais dans les tombeaux. 28A la vue de
Jésus, il se jeta à ses pieds en poussant des cris et dit d'une voix
forte : « Que me veux-tu, Jésus, Fils du Dieu Très-Haut ? Je
t'en prie, ne me tourmente pas. » 29Jésus ordonnait
en effet à l'esprit impur de sortir de cet homme. Car bien des fois il s'était emparé de lui ; on le liait, pour le
garder, avec des chaînes et des entraves ; mais il brisait ses liens et il
était poussé par le démon vers les lieux déserts. 30Jésus
l'interrogea : « Quel est ton nom ? » — « Légion », répondit-il, car
de nombreux démons étaient entrés en lui. 31Et ils le
suppliaient de ne pas leur ordonner de s'en aller dans l'abîme. »
Je voudrai juste
insister sur quelques aspects de ce texte.
1- C’est un homme de la
ville (donc a priori civilisé) qui avait des démons[1].
En d’autres termes, son comportement devient aberrant et fait peur aux autres.
Il qui se comporte comme s’il ne maitrisait plus rien. Or cela c’est bien ce
que vivent ces personnes quand une personnalité dominante (mais qui est peut
être la somme de beaucoup d’autres personnalités) prend le contrôle.
2- Il est nu, car il
déchire ses vêtements c’est à dire d’une certaine manière son identité sociale.
Il ne sait plus qui il est. Il se met à nu, sans protection. Peut être
reproduit il ce qu’il a vécu dans le passé.
Il pousse des cris. Le
cri renvoie à l’animal, la parole à l’humain, même si souvent l’humain crie son
mal-être. Souvent ce que les personnes qui ont vécu ces traumatismes se
reprochent le plus c’est de n’avoir pas pu crier. Cet homme là, il crie, mais
ce n’est pas quelque chose de transmissible, C’est de la peur.
3- Il y a la pulsion de
mort (vivre dans les cimetières) : se vivre comme étant un non vivant, un
déjà mort.
4- Il y a la force qui détruit tout cette force qui quand
elle prend le devant de la scène, ne peut être jugulée par rien pas même
par les médicaments (camisoles
chimiques) qui devraient fonctionner comme des chaînes. Or il y a en cette
personne de nombreuses personnalités (démons) qui la dominent complètement.
-
A partir du moment où ces forces sont nommées
« Légion », il est possible d’avoir un pouvoir sur elles. Ce qui est
étonnant c’est que ces personnalités en quelque sorte reconnaissent la
puissance du thérapeute, de l’exorciste et semblent faire profil bas, comme
pour le séduire.
Dans la Bible, connaître le nom de quelqu’un c’est avoir du pouvoir sur lui et je pense (D. dans ses commentaires des billets de B. explique cela très bien) que pouvoir nommer la partie, c’est commencer à avoir du pouvoir sur elle, et ne pas laisser faire ce qu’elle veut (aller vers la mort).
Dans la Bible, connaître le nom de quelqu’un c’est avoir du pouvoir sur lui et je pense (D. dans ses commentaires des billets de B. explique cela très bien) que pouvoir nommer la partie, c’est commencer à avoir du pouvoir sur elle, et ne pas laisser faire ce qu’elle veut (aller vers la mort).
Or le travail du
thérapeute c’est bien de trouver le moyen de nommer ces personnalités pour leur
donner une autre existence, et leur permettre non pas de se
« réconcilier » mais de se concilier entre elles pour pouvoir vivre
et non pas se mettre à mort en permanence.
[1] A
cette époque là on pensait qu’il y avait une espèce de monde intermédiaire
entre la terre et le ciel, peuplée par des esprits, des bons et des mauvais.
Ces derniers, qui cherchaient à faire du mal entraient dans les humains et les
poussaient à se détruire. On parle de 7 démons qui sont chassés par Jésus de
Marie Madeleine, et ce travail d’exorciste semble très important dans le ministère
de Jésus.
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