Résurrection
« Il est ressuscité des morts ».
Col 2, 12 « Ensevelis avec lui dans le baptême, avec lui encore vous avez été ressuscités puisque vous avez cru en la force de Dieu qui l'a ressuscité des morts ».
Depuis plus de 10 ans maintenant je chemine lentement à travers le dédale des mots de la foi. Quand je me suis (ou quand j’ai été) sur un chemin de retour dans la pratique ma demande a été que les choses (mot vague, je le sais) se fassent dans la douceur, je veux dire que les changements, les compréhensions, se fassent non pas dans la violence, parce que cela j’avais connu et comme on dit j’avais donné, mais qu’elles se fassent progressivement, à mon rythme, un peu comme un petit ruisseau qui chante dans la prairie et non pas comme un torrent qui emporte tout sur son passage. Il arrive que dans le temps que je me donne pour lire la parole, certains versets d’un coup posent question, ou plus exactement se dressent devant moi. Quand cela se produit, je sais que j’ai quelque chose à faire, quelque chose à chercher, et que ce travail qui est le mien pourra peut être aussi servir à d’autres qui comme moi ne sont pas arrivés, qui ne savent pas trop si oui ou non ils ont la foi, mais qui un jour après l’autre se laissent déplacer. C’est ce qui s’est passé avec ce verset de l’épitre aux Colossiens. Curieusement la résurrection de Jésus ne m’a jamais posé question, car j’ai vécu avec Lui pendant tant d’années que le fait qu’Il soit vivant a toujours été une certitude. Par contre, le comment de la résurrection ne m’avait jamais posé question, car de fait pour moi Jésus s’était ressuscité d’entre les morts. Je dirais que j’imaginais que cela s’était passé un peu comme dans Narnia, les livres de C.E. Lewis Narnia, où le lion mis à mort par la reine de glace redevient vivant sans que personne ne lui redonne la vie. Or ce verset dit explicitement que la résurrection ne s’est pas passée comme cela, qu’elle est dûe à la force de Dieu et qu’elle révèle aussi quelque chose de l’amour de Dieu pour les hommes. Et si on reprend les épitres de Paul et les actes des Apôtres, il est toujours dit que « ce Jésus que vous avez mis à mort, il a été ressuscité par Dieu… ». Donc ce qui suit est un cheminement sur ce point.
En Jean au chapitre 3, il est écrit que Dieu a tellement aimé le monde qu’il lui a donné son fils. Et que celui qui croit en Jésus aura la vie éternelle. Avoir la vie éternelle, c’est vivre sans connaître la mort (attribut divin : l’éternité) et c’est autre chose que ce qui avait été promis à Abraham s’il faisait alliance avec Dieu. Abraham avait comme promesse une descendance (ne pas s’éteindre, ne pas mourir) et une terre (un lieu pour durer), mais pas la vie éternelle, ce qui est autre chose, puisque que l’on peut dire que Dieu fait alors partager sa propre vie. On peut penser que l’envoi du fils permettra de dépasser les frontières du peuple choisi pour que le Salut concerne non pas un peuple mais tous les peuples de la terre.
Etre sauvé, c’est être vivant de la vie même de Dieu, donc de la vie de l’Esprit. Ce petit verset de l’épître aux Colossiens est pour moi comme un condensé de la vie trinitaire.
Il m’a en tous les cas fait renoncer à l’idée que j’avais que Jésus était revenu à la vie de par l’énergie divine qui était en lui. Je crois que la résurrection est à l’œuvre dès la mort sur la croix, dès que souffle est « remis », mais que dès ce moment c’est la force de Dieu (l’Esprit Saint ?) qui prend le relais, qui vivifie, qui fait toute chose nouvelle.
Quand je travaillais en milieu hospitalier, il y avait au mur une boîte contenant du matériel de réanimation et qui s’appelait « Ressuscitator ». Ce mot m’a toujours posé question. Faire des réanimateurs des super héros ce n’est pas rien !
Il est certain que faire revenir quelqu’un à la vie, cela peut s’appeler une résurrection et cela c’est parfois le travail des médecins réanimateurs. Pour revenir à la vie, il faut donc qu’il y ait quelqu’un qui vous rappelle, qui vous fasse repasser de la mort à la vie. En d’autres termes on ne se ressuscite pas. Les récits des personnes qui ont vécu une NDE, disent bien qu’il s’agit de leur choix de revenir dans ce corps là, que c’est parfois fort douloureux, et que la mort sera de nouveau au bout. Certes il y a parfois des changements pour les personnes qui ont vécu cette expérience (NDE), en particulier des guérisons et une autre perception du monde, mais leur corps reste leur corps et la mort sera leur lot.
Or pour les chrétiens, ce qui se célèbre à Pâques, c’est la résurrection définitive d’un homme qui a connu la mort. Si la Pâque pour les juifs c’est la libération de l’esclavage, pour les chrétiens il s’agit de la libération d’un autre esclavage, de celui de cette force en nous qui nous enchaîne et nous pousse vers le mal, vers la mort.
Dans les évangiles Jésus annonce plusieurs fois qu’il va ressusciter d’entre les morts, mais on nous dit que les disciples ne comprennent pas ce que cela veut dire et n’osent pas lui poser de questions. Cela se comprend, car si Jésus a rendu à la vie quelques personnes, qui sera capable de lui rendre la vie sinon Dieu ?
Si la résurrection est pour certains un fait, une certitude, le comment de cette résurrection reste un mystère. Nous sommes tellement habitués à avoir des représentations iconographiques du Ressuscité parfois avec des plaies (mains pieds, cœur), parfois sans aucune atteinte, mais toujours avec un visage intact, (contrairement à ce qui montre le suaire de Turin) que le passage d’un cadavre (puisqu’il faut appeler ainsi le corps qui pendait sur la croix), à la présence d’un être qui a les caractéristiques de l’être humain, mais avec infiniment plus de possibilités ne nous pose plus de questions.
Et pourtant même si les évangiles rapportent des potentialités étonnantes : marcher sur les eaux, transfiguration, ce qui se passe là est différent. Il s’agit d’un être qui peut sortir ou se déplacer dans des lieux fermés (tombeau, pièce close où sont enfermés les apôtres), qui peut apparaître (aux femmes, à Marie-Madeleine, aux les disciples d’Emmaüs) et disparaître (disciples d’Emmaüs) , qui peut montrer ou ne pas montrer ses plaies, qui peut manger, préparer un repas, donner son Esprit, mais qui est le Tout Autre, car là où il demeure, personne ne peut venir avec lui, par contre c'est Lui qui demeure dans le coeur de ses disciples.
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