« Je donnerai ce pays à ta
descendance » Gn 12, 8
Gn 12 :
1Le Seigneur dit à Abram :
« Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père et va dans le pays
que je te montrerai.
Gn12, 7-8 A cette époque, les Cananéens habitaient la
région.
7Le Seigneur apparut à Abram et lui
dit : « Je donnerai ce pays à ta descendance. »
Gn13, 15Tout le pays que tu vois, je le donnerai à toi et à
tes descendants pour toujours. 16Je rendrai tes descendants
si nombreux que personne ne pourra les compter, pas plus qu'on ne peut compter
les grains de poussière sur le sol. 17Va, parcours le pays en long et en large, car c'est à
toi que je le donnerai. »
Gn15 : 18Ce jour-là, le Seigneur conclut une alliance avec
Abram. Il lui dit : « A tes descendants je donne ce pays, depuis le
torrent d'Égypte jusqu'à l'Euphrate, le grand fleuve : 19c'est le territoire des Quénites, des Quenizites, des
Quadmonites, 20des Hittites, des Perizites, des Refaïtes, 21des Amorites, des Cananéens, des Guirgachites et des
Jébusites. »
Gn23 19Après quoi Abraham enterra
sa femme Sara dans la grotte du champ de Makpéla, près de Mamré, c'est-à-dire
Hébron, au pays de Canaan. 20Le champ et la grotte qui
s'y trouve cessèrent d'appartenir aux Hittites et devinrent avec leur accord la
propriété d'Abraham, pour qu'il puisse y enterrer ses morts.
Nous avons entendu il y a peu des
textes de la Genèse qui montrent la foi d’Abraham : se mettre en route,
croire en la parole de ce Dieu là.
Mais quand YHWH promet de donner en donner
en héritage la terre de Canaan (du fleuve Egypte jusqu’au fleuve Euphrate) je
n’ai pu m’empêcher de réagir intérieurement. N'est ce pas ce conflit autour de la terre qui se rejoue sans cesse en Palestine?
J’ai beau savoir que Dieu est Dieu et que
théoriquement en tant que créateur, il est le maître de sa création, mais comment
peut il disposer des peuples qui occupent un territoire et le donner à
d’autres, sans que les premiers ne se révoltent et se battent pour conserver ce
qu’ils ont crée dans cette zone géographique.
Si on lit le livre de la Genèse, on peut y
lire que après le déluge les 3 fils de Noé vont repeupler la terre, avec chacun
des territoires différents. Sem (sémite) engendre les juifs, les arabes, les
assyriens (ce sont les porteurs des mots, peuple de prêtres). Cham qui a eu la
mauvaise idée de voir son père nu (ou selon certains de coucher avec sa mère
profitant de l’ivresse de son père) mais qui a reçu la bénédiction sera atteint
dans sa descendance : son
fils Canaan sera le serviteur de ses frères, phrase sibylline s’il en est, sauf
que ce territoire porte sur lui une malédiction. Il engendre les géants, les
philistins, les égyptiens, le peuple de Canaan, et Nemrod. Quant à Japhet il
est le père des races indo européennes.
Bref quand Abraham entend l’appel de Dieu,
toutes les contrées sont occupées par différents peuples et les cananéens (âge
de bronze) sont des bâtisseurs, des commerçants bien établis dans le pays. Si
on regarde un peu ce qu’il en est de l’histoire de pays de Canaan http://antikforever.com/Syrie-Palestine/Phenicien%20Cananeen/cananeen.htm
, on se rend compte que du temps d’Abraham ce pays est un pays riche, en pleine
expansion et que l’on voit mal comment Abraham pourrait s’y établir en
sédentaire. Au fil des siècles, il y a décadence, mais les territoires restent
habités par des populations qui ont leurs propres divinités : c’est
d’ailleurs ce qui leur sera reproché : ces peuples irritent le Dieu Unique
avec leurs pratiques idolâtres.
Maintenant géographiquement parlant, c’est un
pays intéressant car il donne des débouchés sur la méditerranée et sur la mer rouge (Eilat)
et de ce fait il pourra bien être objet de convoitise, tant de l’Egypte que de
l’Assyrie.
Les combats qui sont rapportés dans les livres
de Josué, des juges, et Samuel montrent bien que la possession de la terre
promise (promise à Abraham et à ses descendants) n’a pas été facile et après
tout cela se comprend.
Mais pour en revenir à ma première
réaction : Dieu peut il donner une terre habitée sans tenir compte de ceux
qui ont justement construit des villes, cultivé la terre, en espérant que cela se passera sans
conflits, je dois dire que cela me semble injuste et assez incroyable. Certes un Dieu souverain peut faire ce
qu’il veut de la terre qu’il a crée et la donner à qui il veut. Si on repense à
l’épisode du buisson ardent « ôte tes sandales car le lieu que tu foules est
saint », il y a des lieux qui sont plus spécifiquement lieux de la
présence du Très haut.
Si on repense au jardin des origines, il est
donné à l’homme pour qu’il l’entretienne et qu’il serve, mais il en est le
gérant, pas le propriétaire. Il est donc possible que la terre
« promise » ne soit pas une terre qui appartienne au sens fort, mais
une terre prêtée par Dieu pour que son peuple puisse prospérer et révéler son
Nom aux autres nations, mais malgré tout que faire de ceux y sont déjà
installlés ?
Il est écrit dans le Lévitique : Lev 25,
23 : La terre du Pays ne sera pas vendue sans retour, car le pays est à
Moi, vous n’êtes chez moi que des
émigrés et des hôtes. Par ailleurs pour « jouir » de cela, il y aura
des conditions. Si Abraham achète aux Hittites un morceau de terre pour y
enterrer ses morts, peut être est ce dans l’idée de transmettre un morceau de
cette terre en bonne et due forme à ceux qui viendront après lui. La on est
bien dans le cas d’un héritage : après le décès, les enfants héritent du
père.
Mais c’est Dieu qui donne en héritage et peut
être que de ce fait les choses sont différentes. Je me demande si pour hériter
de ce que Dieu, veut donner, il ne faut pas mettre à mal une certaine représentation
de Dieu.
Pour Abraham ce sera renoncer à voir en Dieu,
un Dieu qui demande le sacrifice des enfants, un Dieu qui ne donnerait la
postérité qu’à ce prix là.
C’est ce qui s’est passé pour Abraham qui comprendra que Dieu ne veut pas de sacrifice humain (cf la ligature d’Isaac)
Gn 22 15Du ciel, l'ange du Seigneur appela Abraham une seconde fois 16et lui dit : « Voici ce que déclare le Seigneur : Parce que tu as agi ainsi, que tu ne m'as pas refusé ton fils, ton fils unique, aussi vrai que je suis Dieu, je jure 17de te bénir abondamment en rendant tes descendants aussi nombreux que les étoiles dans le ciel ou les grains de sable au bord de la mer. Tes descendants s'empareront des cités de leurs ennemis. 18A travers eux, je bénirai toutes les nations de la terre parce que tu as obéi à mes ordres. » 19Abraham rejoignit ses serviteurs ; ils se mirent en route et regagnèrent Berchéba, où Abraham s'installa.
Pour le peuple, ce sera petit à petit de
renoncer à croire que la violence seule permet de conquérir le pays.
La
conquête ne se fait que si Dieu est présent, et s’il est entendu. Si le peuple
n’écoute pas, il n’obtient rien. Là encore il faut renoncer à quelque
chose : cesser à la fois de croire en sa toute puissance (celle des armes), mais aussi à son incapacité à
vaincre : La conquête ne se fait que si le peuple choisi, accepte de se
laisser guider par YHWH, (Nombres, 13, 30 : voir la réaction des
compagnons de Caleb lors de la première exploration de ce pays). Et par la
suite c’est ce que montrera toute l’histoire du peuple élu.
Par ailleurs il est dit que cette terre sera
donnée en héritage, mais sous conditions :cf Psaume 104 :
44 il leur donna les terres des païens, du labeur des nations ils héritèrent,
45 en sorte qu’ils gardent ses décrets et qu’ils observent ses lois.
Et surtout que les « doux (les humbles : ceux qui se savent dépendants) posséderont la terre Ps 37 versts 11 et 29, phrase que Jésus reprendra dans les Béatitudes: Bienheureux les doux, ils auront la terre en héritage. Mat 5,5
Alors héritage oui, mais pas n’importe
comment… La terre promise, comme le jardin mythologique de l’Eden aurait du
être un lieu bien particulier, un lieu de fraternité. Jésus devant l’échec de ce projet, montre que
désormais hériter de la terre promise, c’est pouvoir avoir Dieu en soi. On n'hérite plus de la terre, on hérite de Dieu.
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